• Vendredi le Japon part pour la Lune

    Le Japon se prépare à lancer vendredi sa première sonde autour de la Lune, avec l'intention d'établir une base habitée sur notre satellite vers 2025.

    Les scientifiques japonais espèrent que ces projets leur donneront une petite longueur d'avance sur la Chine et l'Inde, qui préparent toutes deux des missions lunaires, et relanceront un programme spatial qui a connu bien des déboires depuis les années 1990. Le programme spatial nippon n'en est pas à ses débuts, ayant vu le jour dans les années 1950; le Japon est en outre le quatrième pays à avoir placé un satellite en orbite, en 1970, après l'URSS, les Etats-Unis et la France.

    L'objectif, dans un premier temps, est de mettre sur orbite autour de la Lune la sonde kaguya qui sera lancée par une fusée japonaise H-2A d'un pas de tir situé sur l'îlot de Tanegashima, dans le Pacifique, à un millier de kilomètres au sud de Tokyo. Le décollage est prévu vendredi à 10h31 (01h31 GMT).

    La sonde doit se séparer de son lanceur trois quarts d'heure plus tard, avant de faire deux tours de la Terre puis de mettre le cap sur la Lune, à 380.000 km de nous. Tirant son surnom d'une princesse sélénite des légendes japonaises, la sonde Kaguya consiste en un orbiteur principal et de deux "bébés sondes" équipées de 14 instruments d'observation qui auront pour tâche d'étudier la surface lunaire, la gravité et d'autres caractéristiques de notre satellite, afin de recueillir des indices sur son origine et son évolution.

    Kaguya emportera également une caméra haute définition pour filmer le "lever" de Terre sur l'horizon lunaire, dont les images seront envoyées à Terre. Kaguya restera en orbite autour de la Lune pendant un an, jusqu'à ce qu'elle tombe en panne de combustible. "Il s'agit du premier grand pas vers notre objectif d'avoir une station habitée sur la Lune en 2025", a déclaré Shinichi Sobue, ingénieur en chef à l'Agence aérospatiale d'exploration du Japon (Jaxa). "Avec Kaguya, le Japon, pour la première fois, fera tourner une sonde en orbite autour d'un autre astre que la Terre", a-t-il rappelé.

    Le lancement, vendredi, aura lieu avec quatre ans de retard sur le calendrier initial, à cause de lancements ratés de fusées et autres problèmes techniques. A la fin des années 1990, le programme spatial japonais connaissait les affres de l'échec, avec deux lancements ratés de fusées H-2. En 2003, un lanceur H2-A a dû être détruit quelques minutes après le décollage parce qu'il avait dévié de sa trajectoire. Il transportait deux satellites espions qu'il aurait dû placer en orbite...


    Faire rêver les enfants

    "Nous avons revu et corrigé les fusées après ces mésaventures et les choses se présentent bien désormais", a déclaré Sobue. "Pour ce qui est des petites sondes, nous avons amélioré leur qualité de telle manière que nous pensons ne plus connaître de pareils échecs", a-t-il continué. Pour certains experts, le tir de vendredi sera décisif. "Si la mission Kaguya tourne à l'échec, le Japon ne sera pas en mesure de relancer un tel projet avant longtemps", estime Hideo Nagasu, ancien directeur du Laboratoire national d'aérospatiale du Japon.

    La Chine compte lancer une sonde en orbite autour de la Lune, "Chang'e 1", au second semestre 2007, pour réaliser une cartographie en 3D de notre satellite. Elle compte aussi envoyer en 2010 sur la Lune un véhicule automatique. La Chine maîtrise désormais les vols orbitaux habités, ayant envoyé plusieurs fois autour de la Terre des "taïkonautes" depuis 2003. A ce jour la Chine est, après l'ex-Union soviétique et les Etats-Unis, le troisième pays à avoir réussi cet exploit.

    Quant à l'Inde, elle prévoit d'envoyer en 2008, avec un lanceur indien, sa première sonde automatique autour de la Lune. Elle envisage d'autre part un vol habité vers la Lune en 2010.

    Les Etats-Unis, dont la dernière mission habitée sur la Lune remonte à 1972, comptent lancer l'année prochaine une sonde en orbite autour de la Lune. Quant à l'Union européenne, sa première sonde lunaire, Smart-1, a achevé sa mission en 2006.

    Le Japon prévoit d'effectuer par lui-même un vol habité dans l'espace, mais pour les experts, c'est plus facile à dire qu'à faire. "Il faudra très longtemps avant que le Japon puisse effectivement envoyer un homme dans l'espace", estime Nagasu. "La Chine a une longueur d'avance sur le Japon en termes de vols habités", reconnaît l'ancien directeur du Laboratoire national d'aérospatiale du Japon. "Je pense que le programme spatial chinois est lié de façon claire à la politique stratégique (militaire) du pays". Selon Nagasu et des responsables de la Jaxa, le Japon devra probablement recourir à des vaisseaux américains pour envoyer un homme sur la Lune.

    D'autre part, ajoute-t-il, la résolution parlementaire de 1969 limitant l'utilisation de l'espace pour des objectifs civils, du fait de la constitution pacifique du Japon, est une entrave au développement du programme spatial. Au Jaxa, on assure toutefois que cette situation ne changera jamais. "Nous n'avons aucune visée militaire. Nous voulons pouvoir faire rêver les enfants", conclut Sobue.


    Reuters

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